Regierungschef Josef Hoop versichert dem "Journal de Genève", dass Liechtenstein unabhängig bleiben wolle


Artikel im "Journal de Genève", gez. P.-E. B. (Pierre-E. Briquet) [1]

21.4.1938

L'amitié du Liechtenstein

Vaduz, avril.

"La Suisse avait quatre voisins, elle n'en a plus que trois." Voilà ce qu'après l'Anschluss on a pu lire dans de nombreux commentaires helvétiques et étrangers. Pareille affirmation est inexacte, et injuste pour nos voisins et amis du Liechtenstein, la petite principauté sise le long du Rhin, à l'angle des frontières grisonne et saint-galloise. Le Liechtenstein subirait-il, à son tour l'Anschluss? Problème d'une grande importance stratégique pour la Suisse, car de Klein-Mels et de Balzers, on domine Sargans et la seule communication possible, en hiver, entre les Grisons et le reste de notre pays.

Le Liechtenstein désire-t-il l'Anschluss ? Ou une fraction quelconque des sa population le désire-t-elle ? C'est là que résiderait tout le problème. Nous avons, sur ce point, voulu avoir l'opinion des Liechtensteiniens eux-mêmes. Et le Regierungschef [Josef Hoop], le président du conseil de l'Etat lilliputien, a bien voulu nous éclairer a cet égard. "Nous sommes des démocrates", nous déclare cet aimable et robuste montagnard, "des démocrates comme vous autres Suisses". J'en étais persuadé avant qu'il me le dit: ne l'ai-je pas trouvé en manches de chemise, travaillant dans son jardin? Comme son collègue helvétique M. [Rudolf] Minger, M. Hoop ne craint ni la pioche ni la houe. "Nous sommes des démocrates et nous sommes satisfaits de notre régime actuel, de notre entente économique avec la Suisse. Notre prospérité date du jour où nous l'avons conclue."

Il est clair que lorsque le Liechtenstein était enfermé dans l'union douanière austro-hongroise, la monarchie ne pouvait prétériter pour 10'000 Liechtensteiniens, des intérêts bien plus considérables. Avec la Suisse, il en est autrement : notre pays et la principauté ont le même climat, la même production, et la principauté tourne vers nous ses côteaux riants, les flancs boisés du Falknis et des Drei Schwestern.

"N'avez-vous pas eu, cependant, quelques feux de joie lors du plébiscite autrichien du 10 avril?

- Sans doute, mais ils furent allumés par des Autrichiens. Il y eut même quelques croix gammées. Le national-socialisme n'existe pas ici. Pourquoi en aurions-nous? Pas de service militaire, dix fois moins d'impôts qu'en Suisse. Un seul danger, nos 200 chômeurs pourraient être attirés au Vorarlberg et nous revenir nazis. Nous tentons, bien entendu, de leur donner ici de l'occupation. Mais nous voudrions que l'on se montrât, à cet égard, un peu moins rigide en Suisse. Nous sommes d'ailleurs très reconnaissants à la Suisse de ce qu'elle a déjà fait."

"Aussi longtemps que nous voudrons rester nous-même, nous n'aurons rien à redouter du Reich", m'assure M. Hoop. "Nos relations avec lui sont excellentes. Et pourquoi changerait-il d'attitude? Nous voulons garder dignement notre indépendance et ne ferons jamais rien contre lui." Aussi le Liechtenstein pratique-t-il une politique discrètement prudente envers les étrangers.

La volonté d'indépendance? Interrogez n'importe quel paysan et vous verrez qu'elle est forte et décidée. "Nous aimons notre prince, qui a tant fait pour nous", me dit un vieux courbé par les années. Jamais il n'a touché un sou, mais a construit hôpitaux, asiles, églises, résidences pour les fonctionnaires, versé la forte somme pour les travaux de chômage. Und doch sind wir auch demokratisch gesinnt." Je m'en doutais: dans le douce pénombre créé par la parure d'un cerisier en fête, je vois deux fillettes chanter à tue-tête l'hymne suisse: Rufst du, mein Vaterland …

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[1] Journal de Genève, Nr. 108, 21.4.1938, S. 1. Ein Exemplar des Artikels in LI LA RF 180/110/2.